samedi, août 05, 2006

IL N'Y A PAS DE PROF DE PHILO AU JAPON


Depuis que j'ai lu la vie des philosophes français, j'ai remarqué que la plupart avait pris le poste de professeur de philosophie au lycée, ce qui m'a fait ouvrir les yeux. Je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de professeur de philosophie au lycée de Japon. Le fait simple, mais très étrange du point de vue français, peut-être.

Hier, très opportun, je suis arrivé à voir le programme de télévision sur la situation de philosophie au lycée français. Le programme a couvert comment la classe était fonctionnée et a contenu des entretiens avec un professeur de philosophie et avec ses étudiants. C'était impressionnant. Parce qu'il n'y avait pas d'expérience comme ça dans la vie lycéen au Japon. Je pense qu'il est important, pour devenir un être indépendant, de regarder des choses du point de vue philosophique, de former son propre idée, et de discuter tout ça avec ses collègues. En ce sens, les Japonais doivent étudier ce qui s'est passé dans le système de l'enseignement en France. Je pense qu'il doit y avoir beaucoup de choses à apprendre et même à adopter.

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Il y a quelques temps déjà que je suis avec intérêt votre blog, mais c'est la première fois que j'y laisse un commentaire.

En France, nous apprenons la philosophie en dernière année de Lycée, si je me souviens bien. J'avais 3,4 heures par semaines.

Cela serait à vérifier, mais je crois que c'est une spécificité française (existe-t-il des cours de philosophie dans les lycées des autres pays européens?)

Lorsque j'étais au lycée il y a quelques années (au début des années 90), il y avait un débat pour savoir si la philosophie était vraiment utile: ce temps aurait pu être utilisé pour apprendre beaucoup plus de choses sur les maths, la science ... pour permettre à la France de faire face aux défis du futur, etc...

paul_ailleurs a dit…

Bonjour Christian,
Merci de votre visite et vos commentaires sur la situation en France. Je ne savais pas que des cours de philosophie dans les lycées étaient spécifique de la France. Et j'étais un peu étonné de trouver qu'il y avait un débat pour ces cours. Mon préjegé est que la France estime des choses qui ne sont pas néccessairement utiles, par exemple, l'art, la science pûre et la philosophie. Je dois peut-être changer ma vue ?

Anonyme a dit…

Bonjour. La philosophie, la science pure (non appliquée), l'art sont très importants pour notre développement spirituel. Peut-être que l'on a du mal à 17-18 ans à s'en rendre compte, mais en vieillissant on change d'avis. Par ex. un de mes prof. a passé sa vie à étudier les trilobites. Cela peut paraître inutile, mais je pense que c'est important pour l'être humain de connaître son passé. Et nous sommes les héritiers des philosophes grecs et de tous ceux qui ont vécu avant nous. Pareil en science, même si nos connaissances évoluent et font tomber en désuétude certaines idées. Qu'en pensez-vous?

Anonyme a dit…

P.S Mais j'aurais aussi aimé être l'héritière de Murasaki-shikibu!!!
Votre propre philosophie me touche et je la trouve moins verbeuse que la nôtre! C'est pourquoi j'aime tant les haïku.
J' ai trouvé les poèmes suivants dans l'Anthologie de la poésie japonaise classique:
"Au crépuscule
Un nuage qui passe évoque
Le souvenir d'un disparu
Cependant que dans les orangers en fleur
Souffle le vent." Fujiwara no Sadaie (Shin Kok.III;247)

"A quoi comparer
Notre vie en ce monde?
A la barque partie
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage."
Le moine Manzei (Man.III;351)

paul_ailleurs a dit…

Bonjour Paule,
Je suis tout à fait d'accord avec vous. Après avoir touché la culture française, tous ceux qui étaient dans le passé m'intéressent, soit occidentaux soit orientaux. Je me suis rendu comte que je ne savais presque rien de notre tradition. C'est une des raisons pour laquelle j'ai commencé ce blog. Et cela continue de me faire ouvrir les yeux. Vraiment passionnant !
P.S. Oui, nous avons également la tradition très riche, y compris le haïku et le waka comme vous avez présenté bien ici.

Anonyme a dit…

Sur la culture (arts, philosophie,etc...) je suis d'accord sur le fait que le Japon n'a rien à envier à la France. Cependant, je ne crois pas que les haikus fassent partie de la philosophie en tant que discipline, même s'ils peuvent distiller une "philosophie de la vie".

Du point de vue de l'enseignement de la discipline - philosophie, je me suis souvant demandé si cela était pertinent (ou un vrai gadget).

Cet enseignement de la philo au Lycée participe d'une conception française (sans faire d'ethnocentrisme, elle doit être partagée par beaucoup de pays)de l'éducation: plus que l'acquisition des connaissances de manière mécanique (apprentissage par coeur, etc...), est privilégié l'idée qu'il faut rendre autonome l'élève, lui apprendre à penser par lui même.

Aussi, cet apprentissage se passe par diverses mesures dont: l'enseignement de la philo en dernière année de lycée, les sujets de discussion à partir du collège en français, puis de dissertation au lycée...

Ce sont des sujets d'une phrase ou d'un texte donnés aux élèves et sur lequel ils doivent rédiger une réponse en un temps donné (2 à 4 heures). Contrairement aux interrogations et QCM,ils font appel à la réflexion des élèves.


On m'a souvant dit que le système d'éducation japonais se basait au contraire sur la répétition et l'apprentissage par coeur d'un grand nombre de connaissances...partir de quelle année commence-t-on à écrire des "sakubun" au Japon? Au collège, comme en France?

Le noeud du problème est peut-être là, dans les méthodes d'enseignement plutôt que dans l'ajout d'une nouvelle discipline dans un cursus scolaire. Si la philo était enseignée au Japon, ne serait elle pas enseignée à la japonaise?

Enfin, l'enseignement de la philo au lycée rendrait ils les japonais meilleurs? rendent ils les français meilleurs?

Je vous fait part de mes doutes à ce sujet. L'apprentissage de la philosophie, de la religion, de la spiritualité (etc...) me semble de voir provenir d'une démarche personnelle.

Anonyme a dit…

Bonsoir. Je sais qu'un texte poétique n'est pas un texte philosophique. Mais je crois qu'Issa, par exemple, en dit beaucoup en 17 syllabes. C'est ce que je voulais dire dans mon intervention précédente.Je ne connais pas assez les penseurs japonais pour polémiquer! Sinon, je suis d'accord avec Christian sur l'importance des méthodes d'enseignement.

paul_ailleurs a dit…

Bonjour Christian,
Je suis desolé de ne pas vous repondre plus tôt. J'étais très occupé et ne pouvais pas penser en français.

Je suis d'accord sur votre avis que l'ensignement dépend de la manière et que l'apprentissage de la religion, de la spiritualité sont dans le domaine personnel.

Le système d'éducation japonais se base plus ou moins sur la question de connaissances. Et je me sens qu'il n'y a pas d'ambiance libre ou ouverte pour l'échange d'opinion (basé sur la pensée philosophique, systematique) dans la société japonaise. Ce dont nous avons besoin, c'est la condition où nous pouvons présenter librement nos opinions et qui nous permet de discuter scientifiquement, au sens large du mot. Je pense également qu'il y a l'atmosphère dans laquelle la discussion sérieuse est légèrement considérée et parfois méprisée au Japon. Plongé dans la culture américane, il semble qu'on ne pense pas rigoreusement et qu'on agit automatiquement sans réfléchir. Cette tendance est partout au Japon. Je pense que cela n'est pas sain, mais plutôt dangereux.

L'introduction de la discipline de la philosophie dans le système lycéen peut contribuer à la rectification de cette condition, je crois. Parce que, selon moi, c'est la discipline efficace pour devenir l'être independent et complet. Je sais que ceci est le processus long, mais nous devons faire quelque chose, et mieux que rien.

Qu'en pensez-vous ?

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je n'ai jamais vécu au Japon: j'y ai effectué une demi douzaine de voyages (d'une durée de 2 semaines à un mois, c'est selon). Par manque d'informations, je ne puis avoir un avis tranché sur la question. ^o^

Il me semble parfois que la société japonaise surprotrectrice et très pratique "dés-autonomise" (rend dépendant) l'individu dans l'archipel. Cela décourage-t-il la réflexion sur soi même?

L'enseignement de la philosophie au Lycée au Japon pourrait peut-être être une bonne chose pour rendre autonome les jeunes adultes...

Dans tous les cas si vous venez à Paris, je vous donnerais volontiez mon livre de terminale (san nen sei) de philosophie [rires].

paul_ailleurs a dit…

Je pense aussi que la culture japonaise d'aujourd'hui est, en un mot, infantilisé et, comme je le disais, qu'il n'y a pas assez de l'atmosphère dans laquelle nous pouvons échanger d'avis basé sur la raison.
Je suis curiuex de regarder le livre de philolsophie qui est utilisé en France. Quand j'ai l'occasion de visiter Paris, je mettrai un billet sur mon blog.

Anonyme a dit…

Rendez vous est pris!

paul_ailleurs a dit…

Bonjour Liguea,
C'est toujour revigorant de reçevoir votre avis. Tout d'abord je ne savais pas la situation en Europe par rapport à l'enseignement de la philosophie. C'est très intéressant. Je connais quelques scientifiques portugais qui, à mes yeux, posent ses questions philosophiques et effectuent ses travaux. Je n'ose pas maintenir que c'est grâce à l'enseignement, mais ...

Je pense que l'enseignement a deux côtés, bénéfique et dangereux, parce qu'il touche consciemment ou inconsciemment le problème de comment on pense. La situation ne changerait pas dans l'école privée ou publique.

La taux des illéttré en France est incroyable. Je suis étonné de savoir à la télévision qu'au Japon plus d'un million sont illéttrés à cause de plusiers raisons historiques.

paul_ailleurs a dit…

Bonjour Aurele,
Merci de vos commentaires. Je pense que les Japonais sont en général obéissants ou soumis au pouvoir à cause des plusieurs raisons historiques. Donc il y a toujours des dangers lors de la décision grave prise par l'état.

A propos de la Russie, je crois que c'est la problème de la langue, non ?